Pour ce premier reportage de l’An tout Neuf, j’avais l’envie de vous parler du Temps qui passe toujours, s’écoule… jamais ne s’arrête mais qu’il faut, parfois, soigner. Ma rencontre avec Jean-François Lefevre artisan heureux, – heureux de vivre dans la jolie ville d’Argentan dont il se fait l’ambassadeur dès qu’il en a la possibilité, heureux d’avoir un métier beau et artisanal, et j’en oublie – en était la parfaite opportunité.
Le choix d’un métier artisanal
Fils de vétérinaire, ayant grandi à Argentan, Jean-François n’avait pas le souhait de faire de hautes études, et de me dire en manière de clin d’œil qu’il a fait : BAC – 3.
Ce qui signifie qu’après avoir passé son BAC en micro mécanique, il a fait un CAP sur trois années en horlogerie et bijouterie.
Il me confie dans un sourire qu’il a choisi ce métier car sa mère le lui avait suggéré et que son père n’y comprendrait rien. Ce sont, somme toute, deux raisons tout à fait valables.
Jean-François se spécialise dans la pendulerie grâce à la bourse d’encouragement aux Métiers d’Art qui existait à l’époque et permettait judicieusement à un apprenti de vivre certes modestement mais correctement pendant une à deux années durant lesquelles il parachevait son apprentissage dans différentes écoles d’horlogerie et choisit de monter son atelier, ici, à Argentan dans la ville du bonheur selon ses propres mots.
De l’art de remettre en état le Temps…
Il considère être un homme ordinaire faisant un métier devenu extraordinaire car rare.
Être horloger-rhabilleur est l’art de remettre en état un mécanisme horaire.
Il s’agit donc de dérouiller l’horloge, de la nettoyer, de la polir et surtout de rattraper les jeux mécaniques.
Puis la remonter, la huiler et la régler…
Une horloge s’entretient et cette toilette incontournable mêlée, parfois, souvent de soins plus conséquents doit se faire tous les dix ans, ce qui est tout à fait raisonnable.
Pour une pendule simple et classique, cette visite de courtoisie nécessaire se fera sur deux à trois jours mais il arrive que les choses soient de façon imprévisible plus complexes.
Et justement, quand je l’ai rencontré, il travaillait sur une horloge sur laquelle il pensait, au vu de son diagnostique, œuvrer une semaine, uniquement.
Deux semaines plus tard, l’horloge ne fonctionnait toujours pas…
Il reste bien peu de vrais penduliers en France.
Aux personnes qui lui disent : « Alors, vous êtes le maître du Temps, il leur répond : « Non, son esclave. »
Ce qui me semble tout à fait justifié quand je comprends que si certaines horloges sont bien construites et sont simples de réparation et d’entretiens, d’autres seront toujours malades ou problématiques.
« Des chiantes » me dit Jean-François, « mais le métier est beau car c’est un vrai métier d’établi où je fabrique, le plus souvent moi-même, les pièces manquantes à une pendule. » ajoute-t-il avec ses deux ou trois paires d’yeux en plus qu’il pose en escalade sur son front ou qui pendouillent sous le menton, pour travailler, l’œil au plus près, au plus juste, au plus précis de sa belle patiente.
Un atelier comme dans un conte d’Hoffmann
Quand Jean-François explique qu’il est horloger-rhabilleur, les gens le regardent comme un enfant…
C’est exactement ce qui m’arrive lorsque je pénètre dans son atelier, je me suis sentie comme une enfant me promenant dans un conte d’Hoffmann, étrangement avec un sentiment de Temps aboli.
Est-ce la concentration des tics-tacs plus ou moins sonores ?
Le léger décalage qu’il y a entre les sonneries et autres gongs chantant les heures dans le Temps ou un peu à côté en fonction de leur état de santé ?
Est-ce encore plus simplement, le charme du lieu tout de bois et d’horloges et d’outils sur l’établi, magiques, inconnus, merveilleux, obligatoirement fascinants ?
Je me serais bien vue attendre la dernière seconde de la St Sylvestre et la première seconde du minuit de l’an neuf assise, là, dans l’escalier au milieu de tout ce petit monde de pendules…
Le diable, lui, toujours sur son cadran tentant vainement de casser le Temps…
MON CARNET DE NOTES
LE DIABLE AU CADRAN atelier de restauration de pendules anciennes (achat-vente). Jean-François Lefevre 15 rue de la Vicomté. 61200 Argentan. Tel : 02 33 36 07 93 www.pendulier.com jflefevre@pendulier.com
Pour se loger à Argentan, le temps de venir déposer son horloge à soigner et visiter cette ville cher au cœur de notre horloger-rhabilleur, je vous recommande L’hôtel de la Renaissance – 20 avenue de la 2e D.B – 61200 Argentan. Tel : 02 33 36 14 20. www.arnaudviel.com Vous pourrez ainsi, plus facilement, profiter de l’excellente table de ce chef étoilé qui propose notamment le midi un menu « Au jour, le jour » tout à fait accessible et permettant une rapide découverte de l’univers tout en harmonie et finesse de Arnaud Viel lors d’un déjeuner.
Ce reportage a été réalisé grâce à Tourisme 61 Conseil départemental de l’Orne – Hôtel du Département – 27 boulevard de Strasbourg –CS30528 – 61017 Alençon cedex. Tel : 02 33 28 88 71 www.ornetourisme.com tourisme61@orne.fr
Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/
Vous aimez mon travail ? Permettez-moi de vous prévenir des prochaines parutions.
Un très beau reportage et j’aime beaucoup votre style d’écriture qui m’a fait ressentir l’atmosphère de cet atelier avec son petit air « d’Alice au pays des merveilles ».
Merci pour tous ces reportages, tous plus beaux et aboutis! De pures merveilles à mes yeux! Bravo et encore merci, dans ce monde où tout doit aller très vite où nous ne prenons plus le temps, le temps d’entendre, d’écouter, le temps de prendre son temps!
Peut on vous demander un devis pour réparer une montre ancienne
Je vous conseille de vous tourner directement vers l’horloger dont les coordonnées sont en fin de reportage dans le carnet de notes. Cordialement, Bérengère
Bonjour,
Je suis pendulier mais les montres je les fais sous-traiter à l’atelier Kairos qui est sur Vire.
Bien à vous.
Magnifique sujet Très belles photos