Dernière fabrique française de poupées, si jolies, si gracieuses que enfant, c’est sûr, je serais bien tombée d’amour pour l’un de ces poupons de celluloïd, Petitcollin est aujourd’hui, l’une des marques les plus emblématiques du patrimoine du jouet français. Son savoir-faire est reconnu au-delà des frontières de l’hexagone et son histoire se déroule à Etain dans la Meuse sous l’impulsion de Nicolas Petitcollin, fabricant de peignes en corne,  qui créa son entreprise éponyme en 1860. Quarante ans plus tard, en 1901, il s’intéressa à la fabrication d’accessoires de beauté en celluloïd. Le petit baigneur Petitcollin naquit en 1912…  Ce poupon de celluloïd, ravissant et vendu à un prix abordable, révolutionna le monde de la poupée car il était possible de le baigner contrairement aux poupées traditionnelles. Toujours fabriqué, il détient probablement le record de longévité parmi les jouets disponibles actuellement sur le marché.

Mais, revenons avec un peu d’Histoire aux origines de la poupée… Il semblerait que les poupées soient les premiers jouets connus. Certaines furent, ainsi, retrouvées dans des tombeaux d’enfants égyptiens datant du XXe siècle avant J-C. Ce sont des figurines en terre cuite, en bois, en os, en cire, en ivoire, en jade…et semblant aussi avoir une fonction rituelle dans le cérémonial funéraire Egyptien en représentant probablement la jeune défunte idéalisée. Ces figurines se parent de membres mobiles dès le Ve siècle avant J.-C. avec une articulation aux genoux et une autre à la pliure du coude. Cette poupée était, a priori, très répandue dans tout le bassin méditerranéen grâce aux marchands de céramique.

Par ailleurs en Asie, les Chinois furent parmi les premiers à fabriquer de délicates poupées en porcelaine, tandis que dans la Grèce antique, l’artisan du village utilisait des chutes de bois ou de terre pour fabriquer des poupées pour jouer et des poupées votives, servant au culte domestique et faisant office d’ex-voto lors d’un pèlerinage par exemple.

Empreints d’une valeur religieuse mais aussi ludique, ces jolis jouets faisaient entre 20 à 25 cm de hauteur. Si elles représentaient souvent une fillette,mais pouvaient aussi être l’image de personnages de la rue, tels des danseurs, des comédiens, des soldats et étaient en définitive un intermédiaire entre la statuette et la reproduction réduite de l’image humaine. Elles étaient alors chargées d’un caractère magique dont le sorcier pouvait se saisir pour le besoin de ses rites.

A Rome, les jouets de l’enfant dans son berceau étaient consacrés à Bacchus, et dans la tombe aux dieux infernaux. La poupée pouvait aussi être en ivoire, en os, en bois dur et au moment de son mariage, la jeune fille vierge vouait sa poupée à Vénus déesse de l’Amour. Par la suite, lorsqu’elle avait un enfant, elle allait au temple y suspendre l’image du nourrisson par le truchement d’une poupée.

Au XIIIe siècle, ces figurines sont en terre cuite et représentent des dames et des cavaliers. Elles sont moulées d’un seul bloc et ont une belle expression. Mais ce fut au XVIe siècle qu’apparaissent les premières poupées fabriquées en bois et en chiffon par les bimbelotiers pour les enfants de l’aristocratie. Certaines sont ainsi un mélange de terre, de papier et de plâtre. A la fin de ce siècle, la poupée se transforma, à nouveau, en poupée-mannequin censée promouvoir la mode française à l’étranger. Elle garda pourtant un double statut en restant, toujours, un jouet incarnant le double de la petite fille qui joue avec elle plutôt qu’un poupon dont elle serait la petite mère.

Grands centres de fabrication de poupées, les villes de Nuremberg et de Hambourg étaient connues pour leurs poupées en bois de buis. Enfin, au XVIIe et XVIIIe siècle apparurent des poupées beaucoup plus raffinées aux yeux de verre, avec des membres en peau et des cheveux teints.

Les matériaux de fabrication se diversifièrent, la cire apparut notamment moulée sur du papier mâché ce qui permettait d’obtenir des jouets moins onéreux. Pourtant au cours du XVIIIe siècle, la poupée devint de plus en plus fragile et luxueuse. Deux familles italiennes émigrées à Londres fabriquèrent tout particulièrement ces très belles poupées et concurrencèrent les fabricants français.

Mais le XIXe siècle vit le développement d’une fabrication industrielle de l’objet remplaçant le travail des artisans. De plus en plus réaliste, le jouet était constitué d’un corps raide en bois gainé de peau avec un cou pivotant sur son axe, les membres étaient en tissu ou en peau bourrée de sciure de bois. La tête, au préalable en papier mâché avec des yeux de verre et des cheveux peints, fut ensuite fabriquée en biscuit.

Lors de l’Exposition universelle de 1878 à Paris un nouveau type de poupée fit son apparition : le bébé à tête en biscuit représentant désormais l’enfant de 3 ans et plus. Ce « bébé » marqua un formidable essor international de l’industrie française de la poupée et du jouet.

Pour tenter d’endiguer la concurrence étrangère, les principaux fabricants français créèrent la Société française de bébés et jouets en 1899 permettant, par la même, la création de bébés de caractère aux traits expressifs et aux proportions de très jeunes enfants voire de nouveaux-nés. Son double baignable naquit, quant à lui, juste avant la Première Guerre Mondiale chez Petitcollin….

Jusque dans les années 1950, Petitcollin prospéra cultivant à raison son image de plus célèbre fabrique française de poupées. Mais à partir de 1970, l’entreprise dût faire face à de nombreuses difficultés jusqu’à son sauvetage en 1995 par Vilac, une fabrique jurassienne de jouets en bois.

Dès 1998, l’atelier ouvrit ses portes au public partageant ainsi son histoire et son savoir faire.

Depuis sa création, Petitcollin se démarque par une tradition d’innovations et d’inventions dans les procédés de fabrication comme dans la gamme de produits et compte ainsi à son actif de nombreux brevets dont la plupart ont servi l’évolution de l’industrie de la poupée. Parmi les innovations, la fabrication des yeux, l’assemblage des membres ou encore le montage de voix dans le corps du jouet, sont certainement les plus remarquables.

Par ailleurs, dès 1956, l’entreprise mit en route sa première unité d’extrusion soufflage de polyéthylène permettant de fabriquer les baigneurs à corps dur marquant ainsi une nouvelle étape technique dans la fabrication des jouets. Quelques années plus tard en 1961, issu de cette nouvelle technique, Petitcollin maîtrisait le roto-moulage ou moulage par rotation, permettant de fabriquer des pièces en vinyle pour les têtes et les membres des poupées. De nos jours, l’entreprise poursuit l’utilisation de cette ancestrale technique du soufflage pour la fabrication des baigneurs et de ses poupées plus classiques.

Toutes les étapes de réalisation, une bonne dizaine, sont effectuées à la main par les salariés dont certains travaillent à domicile.

Le corps, les membres et la tête sont donc réalisés à partir de moules selon le procédé de fabrication du roto-moulage ou du soufflage sus mentionné. Réceptionnant les membres en pièce détachée sortant une par une des machines, l’ouvrier fait disparaître à la main ou à l’aide de disques de feutre la jointure laissée par le moule.

Après cet ébavurage, vient le sablage consistant à projeter du sable à très haute pression sur les pièces afin d’homogénéiser la surface des pièces. Puis, le jouet, toujours en pièce détachée, passe à l’assemblage qui est réalisé avec des élastiques ou des articulations par rotule. Les élastiques sont privilégiés pour les baigneurs à corps dur et passés dans les différents membres grâce aux trous préalablement percés. Les poupées en vinyle sont assemblées par simple pression rotative sur leurs articulations en rotule.

Ensuite vient la pose des yeux. La tête de la poupée est légèrement chauffée pour être ramollie afin de faciliter l’insertion des yeux. L’implantation des cheveux est réalisée sur les têtes des poupées à corps souple. La fibre de nylon est directement cousue sur la tête en suivant un mouvement de spirale pour une implantation régulière et finalement très touffue. Le jouet s’en ressort avec une chevelure dont j’envie la vigueur.

Les poupées et les baigneurs sont toujours décorés à l’aide d’un pistolet à peinture et d’un pinceau, qui demandent l’un et l’autre une grande maîtrise. Certains modèles traditionnels repassent jusqu’à huit fois dans les mains de l’ouvrière promise à l’ouvrage délicat. La découpe des vêtements est réalisée à l’atelier mais les pièces sont cousues chez des couturières à domicile puis les petits vêtements reviennent dans la fabrique. Poupées et baigneurs sont habillés, coiffés puis mis en boite.

En 2009, Petitcollin inaugura un espace muséographique accolé à son entreprise. Présentant plus de 200 objets anciens issus de prêts de collectionneurs privés, ce charmant musée met particulièrement en valeur un siècle de créations. La même année, la marque de jouets devient pionnière en matière de développement durable dans son domaine en créant une toute nouvelle gamme de poupons fabriquée de manière éco-responsable : « les écolo-doll ». Le coton biologique cultivé sans pesticides est utilisé pour les vêtements du jouet et le visage. Les membres de l’objet sont réalisés dans un vinyle sans phtalate. Cette démarche permet par ailleurs de limiter le gaspillage de matières premières et de favoriser leur recyclage.

Poursuivant dans cette voie nouvelle, en 2012, naquit « l’écolo baby » fêtant le centenaire du premier baigneur de l’entreprise. Depuis 2007, Petitcollin porte le label justement mérité « Entreprise du patrimoine Vivant » et continue d’enchanter les St Nicolas et les Noël des enfants de France et d’Ailleurs.

Mon Carnet de Notes

Espace muséographique Petitcollin et fabrique de poupées Petitcollin – Centre Culturel et Touristique d’Etain, 2 rue des casernes, 55400 Etain tel 03 29 87 20 80 www.tourisme-etain.fr

Ce reportage a été réalisé grâce à Meuse Attractivité Centre d’affaires Coeur de Meuse ZID Meuse TGV – 55220 Les Trois Domaines tel : 03 29 45 78 40 www.lameuse.fr #lameuse #MeuseTourisme.

(Pour le dernier reportage de l’année, nous resterons en Meuse, je vous donne ainsi rendez-vous le 18 décembre…)

Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/

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