Dans mon cœur en secret, je l’appelle mon Ariège Sauvage. Quand je vois ses montagnes au loin, alors que je suis encore dans ma voiture, je me sens de retour. Les Pyrénées Ariégeoises ont cette spécificité d’être un territoire suffisamment vaste pour offrir toujours à découvrir. Dans ce reportage, je vous emmène à la Réserve Nationale d’Orlu : vivre un moment rare à la Maison des Loups puis suivre les pas d’un spécialiste de la faune et de la flore montagnardes, juste à côté, à l’Observatoire de la Montagne.
Située à la fois dans les Pyrénées ariégeoises et les Pyrénées catalanes, la Réserve Nationale d’Orlu, créée en 1943 sous l’égide d’une initiative privée, se trouve dans la vallée d’Orlu nichée au cœur des Vallées d’Ax à l’extrémité sud-est du département de l’Ariège.
Ce territoire est un merveilleux écrin de nature qui, tout en respectant la montagne dans un véritable effort de développement durable, a su aussi préserver son patrimoine naturel paysager et animalier comme son identité culturelle.
Dans un environnement exceptionnel des loups à l’état sauvage
Lors de mon escapade, cherchant la Maison des Loups, je pensais m’être perdue et suis descendue de ma voiture dans l’intention de demander ma route. A peine la portière ouverte, j’ai su qu’il était inutile que j’aille plus loin. La Maison des Loups était ici, les loups étaient là. Je les sentais. J’ai pris mon matériel (carnet de note et appareil photos) et j’ai suivi ce que mon nez m’indiquait… la douce et chaleureuse odeur fauve que le vent m’apportait par vague.
Dans la Réserve Nationale d’Orlu, véritable environnement exceptionnel, la Maison des Loups protège certaines espèces de canis lupus vivant en semi-liberté et gardant ainsi un comportement très similaire à celui qu’ils auraient à l’état sauvage.
Créée en 1996, ce parc animalier, d’une superficie de 7 hectares est une parfaite introduction pour comprendre et respecter la nature du loup sans diabolisation ou mythification et par voie de conséquence pour apprendre à respecter la nature animale dans son ensemble.
Et je découvre que : Non, le loup n’est pas un gentil loup parce qu’il est devenu à la mode dans nos rêves et nos fantasmes. Oui, le loup est un animal sauvage ni bon ni mauvais, juste sauvage et s’imaginer entretenir une relation avec lui comme on le fait avec un chien avec une petite palpitation en plus parce que…c’est un loup, est un leurre et contre la nature des loups.
Les missions de la Maison des Loups
A la Maison des Loups, les missions sont à la fois de conservation de certaines espèces, de recherche, d’éducation et de formation.
Avec d’autres touristes, j’assiste au « nourrissage » des loups. C’est un moment de rencontre avec la meute pendant lequel le soigneur explique l’organisation sociale de la meute, les modes de chasse, les spécificités de la reproduction et dresse, le portrait de l’un ou l’autre des loups que je vois.
Ainsi je découvre qu’une famille comprenant un loup, une louve et leurs louveteaux suffit à créer une meute qui n’est donc pas un rassemblement conséquent de plusieurs familles avec un couple de leader en tête. Non, le couple de leader est très simplement « papa » et « maman » loup et ceux qui suivent et obéissent sont les enfants. Finalement, rien que de très naturel…
Ce parc protège cinq sous-espèces de Canis lupus : des Loups du Canada, des Loups de Pologne, des Loups arctiques, des Loups de la Toundra d’Alaska, somptueux, mes préférés je crois bien, et enfin, des Loups d’Europe.
Ces derniers sont les plus méfiants de l’homme, les plus farouches et les plus difficiles à observer car ils n’ont jamais oublié qu’ils ont été chassés et tués par l’homme pendant plusieurs siècles. Ataviquement, ils s’en méfient toujours autant.
Même si, dans un souci de discrétion vis à vis des animaux, avec pour objectif « Observer sans déranger », le parc a mis en place des tours d’affût en bois, il m’a fallu un long temps de silence et d’attente pour enfin arriver à en observer quelques uns qui, je l’avoue, ressemblaient à s’y méprendre au loup ayant dévoré Mère Grand et souriant de toutes ses canines pointues au Petit Chaperon Rouge.
Vivre un moment unique avec les loups.
La Maison des Loups propose, en option, et je vous le recommande vivement, un autre espace d’observation : le tunnel de vison que j’ai ainsi expérimenté.
Je me suis glissée dans un tunnel vitrifié dans lequel j’étais accroupie. Puis j’ai attendu, en silence…
Soudain, le bel animal sauvage est apparu au loin, il s’est approché sans trop de méfiance. « Il est encore très jeune » chuchote mon guide. Mon cœur battait… Le jeune loup s’est encore approché et m’a regardée droit dans les yeux quelques secondes, peut-être une minute… Je ne sais plus… J’étais émerveillée, bouleversée, j’osais à peine respirer…
Puis il a continué son chemin et je l’ai regardé s’éloigner, la queue touffue bien plaquée sur son arrière train…et je suis ressortie du tunnel, émerveillée, comblée par la beauté de cet instant si précieux…
Suivre les pas d’un spécialiste de la Réserve Nationale d’Orlu.
Non loin de la Maison des Loups, l’Observatoire de la montagne a pour vocation de sensibiliser le visiteur à la biodiversité du milieu montagnard.
Pendant quatre heures, j’ai glissé mes pas dans ceux d’un guide et j’ai observé la faune des Pyrénées : vol de gypaète barbu, d’aigle royal avec sa femelle ou drôle de ballet de marmottes. L’isard, gracieux, abonde en hardes qui parcourent la montagne à flanc.
Bénéficiant d’une biodiversité exceptionnellement préservée, la Réserve Nationale d’Orlu s’insère dans un vaste ensemble de zones protégées entre la Haute Ariège, la haute vallée de l’Aude et les plateaux de la Cerdagne et du Capcir.
Elle couvre un territoire d’environ 4250 hectares de haute montagne allant de 950 m à 2765 mètres.
Elle abrite un ensemble d’habitats et d’espèces caractéristiques du massif pyrénéen dont des habitats remarquables : pineraies à crochets, pelouses sèches à orchidées, tourbières…, une flore diversifiée comprenant des espèces protégées sur le territoire national : la Drosera à feuilles rondes, la Gagée jaune, la Pétasite blanc de neige…, et une faune pyrénéenne dont certaines espèces ayant une haute valeur patrimoniale : l’Ours brun, le Desman des Pyrénées ou Rat-trompette (un insectivore semi-aquatique), le Lagopède alpin (oiseau de la famille des Phasianidae), le Gypaète barbu (vautour), l’Aigle royal…
Le credo de l’Observatoire de la montagne : Observer, respecter, protéger
Le territoire de la Réserve fût mis en vente en 1973 et racheté en 1974 par les communes d’Orgeix et d’Orlu pour être gérée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui, depuis lors, organise ainsi des programmes d’études et de suivies de la faune sauvage.
Du fait de son intérêt patrimonial, elle obtint le statut de Réserve Nationale de chasse et de faune sauvage en 1998.
Dans ce laboratoire de terrain, trois missions principales sont mises en avant et monopolisent tous les acteurs du lieux, gestionnaires, techniciens, bergers, gardiens de refuge etc.
La première mission consiste à étudier et suivre l’évolution de la faune et de ses habitats pour assurer ainsi un suivi régulier de la biodiversité notamment des espèces sensibles. L’isard et le grand tétras, endémiques des Pyrénées, font l’objet d’études particulièrement approfondies pour contribuer à une meilleure connaissance de ces deux espèces et de leur gestion de manière durable.
Le grand tétras ou Grand coq de bruyère est un gros gallinacé vivant en montagne et considéré actuellement comme une espèce menacée de disparition. Dans les Pyrénées, il s’agit de la sous-espèce Tetrao urogallus aquitanicus.
Portrait de l’isard
L’isard ou izard est une espèce de la sous-famille des caprins comme son joli profil le montre.
Plus lourd d’une dizaine de kilos que le chamois des Alpes, il a aussi un pelage d’été plus roux et un pelage d’hiver plus clair agrémenté d’un collier de poils noirs au niveau du cou.
Ses cornes forment aussi un crochet plus ouvert que celui du chamois.
Sa durée de vie est de 22 ans et la gestation dure 165 jours.
Le mâle est plus massif que la femelle et ses cornes sont plus courbes.
Comme pour de nombreux animaux, la taille de celles-ci permet d’identifier l’âge de l’animal.
Il se déplace par hardes souvent sous la conduite d’une femelle.
Très chassé dans les années 1960, il a failli disparaître et c’est grâce à la création du Parc national des Pyrénées dont la Réserve d’Orlu qu’il est redevenu un animal commun des Pyrénées, voire abondant dans les zones protégées comme la Réserve.
Apprendre à respecter et découvrir la beauté de Dame Nature
La deuxième mission met l’accent sur la préservation durable de cette faune, de la flore qui l’accompagne et des habitats.
De cette mission découle ce que l’on appelle une police de l’environnement, c’est-à-dire l’édification d’une réglementation que je retrouve facilement sur les bornes disposées dans la Réserve. Ainsi, je peux découvrir une biodiversité remarquable tout en contribuant à sa préservation dans le respect que je manifeste à suivre les consignes inscrites sur ces bornes de délimitation du territoire et du sentier de découverte… C’est en général très simple et permet de prendre soin de notre patrimoine : Dame Nature.
La troisième et dernière mission consiste à nous sensibiliser, petits et grands que nous sommes, à cette nature, à sa préservation, à sa diversité, à sa beauté. Ainsi, l’ONCFS organise dans la Réserve diverses journées de démonstrations et de formations pour les professionnels de la montagne, les scientifiques, les étudiants.
Et avec son partenaire l’Observatoire de la montagne, il nous permet à nous grand public (et scolaires) de découvrir ce patrimoine naturel d’exception et de devenir ainsi de parfaits éco-touristes-responsables !
La promenade peut se faire dès le matin quand l’heure est encore fraîche et peut durer plusieurs heures…
Personnellement, j’ai savouré quatre heures de découvertes, d’attentes, d’observations magiques, sensibles, poétiques…
J’ai bien entendu croisé nos bovidés habituels que les éleveurs mènent en saine pâture dans la Réserve, mais j’y ai vu aussi des merveilles à observer souvent de loin, avec l’excellent matériel que les guides mettent à la disposition des amateurs, comme l’Aigle royal et le grand tétras ou de beaucoup plus près comme ces marmottes qui m’ont fait un véritable spectacle…
Mon Carnet de Notes
Se renseigner
Office de Tourisme des Vallées d’Ax La Résidence-6 avenue T. Delcassé-09110 Ax-les-Thermes : Tel : 05 61 64 60 60 www.vallee-orlu.com
A faire
Pour vivre une expérience exceptionnelle avec les loups : La Maison des Loups- Les forges d’Orlu – 09110 ORLU – www.maisondesloups.com – Tel : 05 61 64 02 66.
Pour découvrir la faune et la flore montagnarde : Observatoire de la Montagne – Maison de la Réserve-Les Forges d’Orlu-09110 Orlu – Tel : 05 61 03 06 06. Le lieu propose en fonction du public (enfants, famille ou autre) des balades natures, de l’observation d’animaux, des jeux de piste… www.observatoire-montagne.com www.vallee-orlu.com
Ce reportage a été réalisé grâce à www.ariegepyrenees.com.
(Je vous donne rendez-vous le 2 avril prochain.)
Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/
Vous aimez mon travail ? Permettez-moi de vous prévenir des prochaines parutions.
On se sent en communion avec la nature profonde avec ton beau reportage.
Continue à nous faire rêver chère Bérengère..
Tellement à découvrir, partout, ici…
Merci de nous y aider, merveilleux guide.
Je ne connais pas cet endroit…..moi qui adore la nature, et particulièrement les loups, merci pour ce magnifique récit et ces superbes photos, ça donne vraiment envie d’aller découvrir.
impressionnant et éphémère tête à tête avec ce loup…et la beauté des paysages, profondeur et amplitude, merci
Je suis totalement fascinée par les loups. Mais, comme tu l’écris, on ne peut pas réellement en élever un dans son jardin… C’est peut-être aussi parce qu’ils restent sauvages qu’ils me séduisent autant ! Merci pour ces photos et ce texte merveilleux !!!!!!!!!!!!
Un très bon reportage sur un coin des Pyrénées que je ne connais pas trop. Merci beaucoup pour ce récit si bien documenté et toutes les adresses qui s’y réfèrent.
un bonheur de revoir un site lorsque l on ne peu plus se déplacer dans cette montagne ariégeoise
merci
Bonsoir
Je ne connaissais pas cet extraordinaire endroit, merci beaucoup, d’autant plus que j’aime particulièrement les loups.
Merci beaucoup, Bérengère ,
vos belles photos 👏 qui nous font craquer pour les loups 🐺…!