Véronique Portier est une collectionneuse dans l’âme. Arrivant dans l’Oise, elle découvrit dans le sol de la ville de Méru que les morceaux de nacre de coquillages abondaient. Et pourtant la mer ne s’étant, évidemment, jamais aventurée jusque là, le secret était ailleurs. Si le sol de Méru est gorgé de nacre comme dans un conte enchanteur où le sésame ne serait plus ouvre-toi mais creuse-moi, c’est simplement que la ville comptait encore en 1905, cinquante-quatre entreprises de boutonniers, dominotiers etc. Tous utilisant le coquillage nacré, il fallait bien trouver un endroit où déposer les restes inutilisables et ce fut la terre. Aujourd’hui, il suffit de baisser le nez et de se pencher pour en ramasser, ce que Véronique se mit à faire tout en fréquentant assidûment le musée de la nacre.

Le temps passa, elle devint la directrice du musée et se passionna pour cette nacre magique et moirée.

Qui est donc cette belle irisée vivant une vie aquatique dont elle sort comme une enchanteresse ? Trouvée dans la coquille de nombreuses espèces de mollusques, la nacre est une substance dure, blanche, à reflets irisés. Elle est sécrétée par le pallium (manteau) de ces animaux sous la forme d’une succession de lamelles minces. Sa substance est un mélange d’une matière azotée, la conchyoline et de carbonate de calcium ; c’est la superposition de ces lamelles qui produit les irisations caractéristiques de la nacre.

Cette merveille de la nature se trouve dans les huîtres perlières du genre pinctada offrant perles et nacres hautement appréciées, dans les moules, palourdes, turbos ou burgaux, et dans les haliotides encore appelés ormeaux. Les trocas, quand à eux, sont très utilisés dans l’industrie de la boutonnerie. Les coquillages sont différenciés en fonction de leur épaisseur de nacre et leur orient (irisation de la nacre) et les termes « nacre grise », « nacre blanche » sont uniquement utilisée pour désigner l’huître nacrière.

De nos jours, la nacre est encore utilisée par les boutonniers pour une petite production de luxe mais de manière générale, la qualité des coquillages a baissé et l’épaisseur de la nacre est moins importante que dans les années 1930 par exemple.

Dans ses fonctions, Véronique s’intéresse tout particulièrement au bouton si doux sous la caresse du doigt et dont la vocation est d’être un accessoire de mode apportant un raffinement certain à la moindre tenue. C’est ainsi qu’elle m’apprend la nécessité de dix-sept opérations pour réaliser un bouton de nacre fine. Il faut commencer par trier les coquillages en fonction de leur épaisseur de nacre pour les découper à l’eau. Sur une coquille, il y a 70% de déchet ce qui explique la terre enchantée de la ville de Méru. Puis s’ensuit le décapage à l’acide, le ponçage au tonneau de fer. Les ronds de nacre sont récupérés au tamis, rincés, et vont à l’écroûtage pour réduire l’épaisseur du pion. Ensuite on « dresse » les pions pour les rendre plat, enlever la croûte. Vient le moment de leur donner la forme d’un bouton quand avec une mèche, on perce les petits trous. Les boutons passent à nouveau au ponçage, et dans différents polissages. Ensuite, ils vont au magasin pour être conditionnés et partent pour la vente.

Rencontrant, de fait, tous les collectionneurs de boutons, Véronique en vint à développer sa propre collection. Et quand certaines acquisitions étaient trop conséquentes, que le musée les refusait, si ses moyens le lui permettaient, elle les acquérait… « Tout en se concentrant et se recentrant uniquement sur le bouton, de nacre et de sa région pour rester raisonnable«  me précise-t-elle avec un sourire. Mais elle aurait pu tout aussi bien collectionner des éventails tant les montures en nacre de l’objet la fascinent par leur beauté.

Evincée de la direction du musée de la nacre dans des circonstances très douloureuses, elle poursuit néanmoins sa collection qui s’étoffe aussi par les dons et cadeaux qu’on lui fait. Cet amour du bouton de nacre la conduit à développer la création de bijoux à partir de boutons de nacre. Bijoux qu’elle réalisait déjà mais, durant l’été 2017, elle passe à une dimension plus professionnelle créant un site de vente en ligne, fréquentant différents salons et proposant ainsi ses bracelets, bagues et colliers. Ses créations mêlent les boutons contemporains aux boutons anciens.

Par ailleurs, elle organise des ateliers où l’on vient fabriquer son bijou autour d’une tasse de thé et de petits gâteaux et ainsi passer un moment bien agréable avec quelques amies.

MON CARNET DE NOTES

L’atelier de nacre – 21 rue Berthelot 60570 Andeville Tel : 0685320227 email : contact@latelierdenacre.fr www.latelierdenacre.fr

Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/

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