A Giromagny dans le Territoire de Belfort, Marylène Swietek est une artisan d’art céramiste qui réalise de gracieuses pièces des arts de la table. Ses élégantes et douces créations sont le résultat d’une grande maîtrise de la porcelaine qu’elle travaille avec beaucoup de liberté et dans lequel se retrouve l’histoire de son atelier et son inclinaison pour le textile. Née à Belfort, Marylène prend le chemin des Arts-Appliqués et du design textile. Pourtant sa rencontre avec une céramiste va totalement changer son choix de vie. Découvrant la porcelaine, elle en tombe amoureuse et la choisit pour compagne de vie malgré l’image plus ou moins vieillotte que la France a aujourd’hui de cette terre. Pour Marylène, la porcelaine a un côté neuf et frais.

Historiquement, la porcelaine est une variété de céramique caractérisée par sa finesse et sa transparence après la cuisson.

Si elle est produite à partir de kaolin avec une cuisson à 1200°C, elle prendra le nom qualifié de porcelaine dure.

Selon les experts, elle existerait en Chine, au moins depuis le IIIe siècle et sa fabrication a, longtemps, été tenue secrète par les artisans locaux.

Les techniques de fabrication de la porcelaine atteignirent leur perfection en Chine au XIIe siècle.

Les italiens importèrent cette merveille de céramique au XVe siècle.

Son aspect translucide induisit en erreur les européens admirant sa beauté qu’ils prirent pour un coquillage dont on aurait extrait la matière pour fabriquer les magnifiques objets rapportés de ces contrées lointaines.

Les premières tentatives des potiers européens pour reproduire ces porcelaines chinoises remontent au XVIIe siècle.

Mais la composition de ces céramiques était encore très mal comprise si bien que les mélanges réalisés donnèrent naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui la porcelaine tendre que l’on nomme, aussi, couramment porcelaine anglaise ou porcelaine française.

Car, malgré leurs imperfections techniques, elles favorisèrent l’essor des manufactures de Chelsea, Vincennes, Chantilly, Saint-Cloud…

La première description du processus de production de la porcelaine dure chinoise et les premiers échantillons de kaolin fondamentalement nécessaire à sa réalisation furent introduits en France en 1712 par un jésuite en poste à Jingdezhen en Chine.

Ce n’est pourtant pas avant 1768 que l’on découvrit des gisements de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche au sud de Limoges permettant enfin de reproduire en France la porcelaine dure tant convoitée.

Ainsi les porcelaines de Limoges et de Sèvres rejoignirent le clan des porcelaines dures les plus fines et les plus réputées.

Pour Marylène dans ses montagnes, fascinée par cette noble et belle matière, s’en suivirent les concours, les diplômes notamment celui de créateur en Art Céramique qui se fait sur un cursus de sept années et la réalisation d’un très beau projet de fin d’étude qui contient en essence ce que Marylène va patiemment développer année après année : une ligne d’objets d’art de la table de facture contemporaine sur lesquels vient se dessiner un motif ancien ou s’élaborer un paysage abstrait en bleu cobalt.

La jeune femme travaille la porcelaine dure, celle qui est donc à base de kaolin. Cette terre, un mélange de quartz, de feldspath et du fameux kaolin, est une des plus difficiles à travailler et des plus résistantes ce qui permet d’obtenir finesse et résistance dans l’objet terminé.

Quand Marylène parle de la matière qu’elle travaille, il y a de la cuisinière en elle, et de la couturière. La matière porcelaine à l’état liquide avant d’être modelée puis cuite ressemble à de la crème anglaise… qu’elle étale avec un rouleau à pâtisserie… sur laquelle elle appose des morceaux de dentelles laissant leurs empreintes délicates…

Et pourtant, c’est la danseuse que je vois en elle. La danseuse dansant avec sa création qui danse elle-même sous ses mains. Mais n’imaginons pas que cela rende l’objet fragile car la porcelaine est bien plus solide que le grès ou la faïence me confit-elle dans un beau sourire.

Marylène constitue sa porcelaine à partir de la matière porcelaine à l’état liquide qu’elle mélange à de la ouate, de la cellulose et du papier de soie.

Elle coupe ensuite, dans ce pain de porcelaine réalisé, la quantité dont elle a besoin pour créer son objet.

Puis, par exemple, elle applique, sur la pâte étalée bien à plat, une empreinte de dentelle ancienne.

Ensuite, elle assemble, greffe et colle ses plaques, une anse, un fond avec une petite éponge humide

Parfois, elle mélange porcelaine blanche et porcelaine bleu cobalt avec un dosage qu’elle doit subtilement maîtriser.

Elle biscuite sa forme pendant 8 heures dans un four à 980°, peut choisir de le garder en biscuit, c’est-à-dire mat et très contemporain ou bien de poser si nécessaire un autre décor ou l’émail et, quoiqu’il en soit, remet le tout au four (électrique car plus stable qu’un four au gaz) pour une cuisson de 12 heures à 1260°.

Réalisant ainsi soliflores, tasses, bols, saladiers, plats, vases, assiettes etc, elle ne cesse d’évoluer dans sa recherche et sa production.

Au fil des ans, ses collections fluctuent, s’enrichissent, se répondent…

On les trouve dans son atelier Belfortain au joli nom Envol, un lieu chargé d’art et d’histoire qui lui correspond particulièrement.

Ayant appartenu à son arrière grand père maternel puis à son grand père maternel, tous deux ingénieurs textiles, il est aujourd’hui le nid où la jeune femme crée ses œuvres légères et poétiques, lumineuses.

La Ligne Bleue, teintée, travaillée, ornée de ce bleu Cobalt que Marylène adore, est une de ses collections intemporelles, peut-être parce qu’elle évoque la ligne de ces Vosges environnantes et chères au cœur de la créatrice.

A fleur de dentelles est travaillée avec des pièces de dentelles anciennes héritées de ses grands parents.

Cette collection, bel écho à ses premiers amours pour le design textile, a ma préférence pour ce que chaque objet contient de mémoire avec la trace de la dentelle et de modernité dans sa forme moulée très pure, en biscuit (ce que j’aime définitivement !) tel un marbre ou bien émaillée de façon plus classique mais toujours élégante.

Enfin la collection, Burano serait une possible rencontre de la Ligne Bleue et de A fleur de dentelles. Burano… ou la voie d’une maturité nouvelle, tant le bleu se mêle à d’autres couleurs de façon plus sophistiqué tout en s’unissant aux empreintes textiles…

Mon Carnet de Notes

Atelier boutique de Marylène Swietek – 8 rue Thiers – 90200 Giromagny – tel : 06 79 66 38 97 – www.envolcreation.comenvolcreation@laposte.net

Ce reportage a été réalisé grâce à Belfort Tourisme #territoiredulion www.belfort-tourisme.com 0384559090

(Je vous donne rendez-vous le 19 février prochain, nous irons dans la Creuse…)

Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/

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