Et voici venu le temps des préparatifs de Noël, ce moment coutumier consistant à choisir pour les êtres que l’on aime de quoi leur souhaiter Renaissance et Abondance (cf https://lesvoyagesdeberengere.com/reportage-une-journee-de-shopping-a-besancon-pour-preparer-noel/6k7f6u2bd/art-de-vivre/ ) et il faut reconnaître que cette année, nous en avons particulièrement besoin. Aussi, ai-je décidé dans ce reportage, dorénavant tout aussi traditionnel que ne l’est ce rite issu des Saturnales de la Rome Antique, de vous proposer un shopping de gourmandises meusiennes. Ce sera ainsi ma façon de vous souhaiter une fin d’année la plus savoureuse et chaleureuse possible.

De groseilles et de plume…

Ma première découverte, et non des moindres, est surnommée à juste titre le « Caviar de Bar » et sa création remonte à 1344, j’ai nommé l’exquise confiture de groseilles épépinées à la plume d’oie, spécialité de Bar-le-Duc, très belle ville d’Art et d’Histoire et préfecture de la Meuse. L’appellation de cette suave délicatesse de bouche pourrait paraître pompeuse et pourtant, elle est particulièrement méritée tant sa saveur élégante, fine, le détail du fruit bien présent – alors qu’il disparaît dans une simple gelée de groseilles résultat exprimé du seul jus de cette baie rouge-rosée – provient d’un savoir-faire qui n’a jamais changé depuis le Moyen-Âge. Les branches cueillies sont manipulées à la main par les épépineuses et épépineurs, qui détachent chaque fruit avec une paire de ciseaux puis les saisissent un à un entre le pouce et l’index et incisent la peau de chaque grain à l’aide de la plume d’oie pour en extraire les pépins sans endommager ni la peau ni la pulpe.

Pendant plusieurs siècles, cette merveille gustative trôna sur les tables des seigneurs de la région pour impressionner les convives. Marie Stuart la comparait à un rayon de soleil, plus près de nous, Alfred Hitchcock en raffolait à son petit-déjeuner et Poincaré l’amèna à l’Elysée. Initialement contenue dans un étui de bois et de cuir, à partir de 1518, elle fût logée dans une délicate verrerie, celle que je tiens entre mes mains quand je rencontre Anne Dutriez, il y a quelques jours. La jeune femme, dépositaire du secret de fabrication grâce à son grand-père Jacques Dutriez, est, désormais, la seule productrice de cette célèbre confiture.

Une madeleine royale

La petite histoire nous raconte qu’en 1755, au château de Vaudémont en Lorraine où le roi Stanislas Leszczynski vivait retiré, après une algarade entre le chef des marmitons et le pâtissier, ce dernier partit furieux, emportant les gâteaux prévus pour le dessert du jour. Stanislas, fin gourmet et fier de sa table, se vit proposé par une de ses soubrettes, Madeleine Paulmier, petite main aux cuisines, un dessert de substitution : le gâteau que lui préparait sa grand-mère de Commercy, une boudotte. Cette boudotte – ou nombril en patois meusien – naît au bout de quelques minutes de cuisson. Il faut alors éteindre le four, quelques instants, puis faire dorer la boudotte à feu plus doux. Servies avec tant de succès, en ce fameux repas de 1755, la boudotte prit, semble-t-il par désir de Stanislas reconnaissant, le prénom de l’astucieuse soubrette accolée à son pays d’origine devenant, ainsi, la madeleine de Commercy ronde, fondante en son cœur car il est recommandé de la passer quelques secondes au four à micro-ondes ou bien une petite minute au four pour qu’elle dévoile toute sa tendresse.

A Commercy, je l’achète à « La Cloche Lorraine », seule boutique qui vend encore la belle madeleine dans sa jolie boite ovale fermée d’un flot ou nœud de ruban rouge traditionnel. Ou bien, je choisis la toute nouvelle boite en métal ornée d’une image extraite de la bande dessinée Jeannette et Jojo créée par Jean-François Kieffer, lorrain d’adoption. Dans ce lieu historique où depuis plus d’un siècle cinq générations de madeleiniers se sont succédées, il est, aussi, possible de trouver d’autres spécialités lorraines rendant cette adresse définitivement incontournable.

Saint Mihiel tout en sucre

Dans la très jolie petite cité de caractère Saint Mihiel, je vous ai trouvé le parfait piège à sucre, celui qui tentera vos aïeux jusqu’aux enfants, proposant à la gourmandise : des sammielloises de Ligier Richier, sorte de bonbon praliné enrobé d’une meringue suisse, terriblement sucré mais certains amateurs apprécieront, une turbine tout de chocolat blond (à ne pas confondre avec le chocolat blanc) et noisette délivrant une petite note de biscuit délicatement sucré et dont je dois me tenir éloignée si je ne veux pas terminer la rangée, ou encore un pavé de St Mihiel, mélange heureux de gianduja, fruits secs et de sucre glace broyés auquel Félix Mageot, son créateur et actuel propriétaire de la chocolaterie-confiserie de renom, a ajouté du chocolat et des brisures de croquets…

Enfin, les croquets et rochers de Saint Mihiel font, de la ravissante cité, un passage obligé pour notre shopping. Les rochers de Saint Mihiel sont une création imaginée en 1930 par la fille de Mr Rollot, pâtissier traiteur restaurateur installé dans la ville. Pour rappeler les « Dames de Meuse », ces roches coralliennes du jurassique supérieur, curiosités géologiques situées sur la route de Verdun en sortant de la ville, Mr Rollot et sa fille réalisent un mélange de noisettes émondées grillées concassées et de chocolat de couverture foncé ou lacté dressé ensuite en petits tas comme des mini rochers à l’aide d’une petite cuillère. Depuis lors cette spécialité a vécu nombres d’aventures dont celle d’être inscrite au Patrimoine national des Spécialités.

A ses côtés, enfin, le croquet, mon préféré, au bon goût de vanille et d’amandes, de création antérieure au précédent, est, lui aussi, inscrit depuis 1994 au patrimoine national des Spécialités. Ce croquet fût imaginé sous le nom de petite bourchette en 1854 par Charles Bourchette, pâtissier sammielois, qui céda plus tard son enseigne à Mr Rollot que nous venons de croiser avec le rochet et qui s’empressa de rebaptiser la friandise du nom de croquet plus justifié, car en effet le biscuit tout de farine, sucre, œufs et amandes de Provence brutes, croque savoureusement sous la dent.

Il était une fois la dragée…

Etonnante histoire que celle de la dragée. La légende conte que cette intemporelle confiserie serait née du hasard entre les mains d’un confiseur Grec oeuvrant pour les Fabius, noble famille romaine. Nous sommes en 177 avant J-C., et nos Fabius distribuèrent alors l’élégante erreur aux plébéiens de Rome à l’occasion de la naissance de leur fils. Dans le même temps, je découvre qu’elle servait à avaler certaines médications, c’est-à-dire que son procédé était appliqué par les apothicaires pour enrober pilules, granules, capsules et les rendre plus agréables à l’ingestion.

Quelques siècles plus tard, en 1220, à Verdun, un apothicaire enroba les amandes de sucre et de miel, le bonbon ainsi conçu s’il n’était déjà plus une médecine, n’était point encore lisse. Il le devint sous Louis XV dans sa moderne version, chic, brillante, parfaite celle que nous connaissons, du Sieur Pecquet, confiseur et fournisseur de Sa Majesté. Et, c’est peu de temps après dans les années 1770 que la dragée cessa d’être définitivement un médicament et devint uniquement une friandise par ordonnance royale confiant sa réalisation aux seuls maîtres confiseurs. A Verdun, haut lieu du commerce de la dragée depuis le Moyen-âge, on voit naître, en 1852,  la fondation de ce qui deviendra la Maison Léon Braquier, grâce au père de ce dernier. En 1878, Léon Braquier et Edouard Boivin, fils d’un pâtissier de la ville, s’associant, achetèrent le château de Coulmier pour y construire une usine de 3 500m2 dédiée au bonbon noble et délicat.

Mais plus d’un siècle après, en 2000, l’usine est menacée de démolition, car en ruine depuis 1916. Chargé de sa destruction mais s’y refusant, Bernard Bour sauve, à la fois, ce patrimoine et un rêve d’enfant. Avec audace, il relance Braquier, innove, par exemple, avec des dragées sans sucre ajouté et a la (très) bonne idée de glisser les bonbons blancs ou colorés de vives teintes dans des boites métalliques qui reprennent design et graphismes d’antan. Personnellement, je trouve les mini-boites ravissantes à offrir en souvenir d’un bel événement. L’entreprise est justement labellisée patrimoine du vivant et l’on peut visiter les lieux pour mieux comprendre cette formidable épopée.

Breuvages d’antan et d’aujourd’hui

Dans ce coin de France distillant authenticité et quiétude, je vous propose une sélection non-exhaustive et tout affective de boissons d’accompagnements de ces douceurs remarquées pour vous. En premier lieu, la bière, évidemment, reine et lorraine. J’ai choisi pour vous une micro-brasserie située à Morley dans la vallée de la Saulx dans le sud du département. Ghislain Balland s’est installé depuis 2016 et brasse artisanalement sa bière, sur place. Sa gamme s’étend de la blonde à une ambrée fumée. Leurs appellations ne déplairaient pas à un entomologiste et elles m’ont charmée.

Autre joyau gastronomique de la région, le perlé de groseilles, de mirabelle, de framboise ou de cerise griotte, est une boisson pétillante et alcoolisée élaborée à base d’eau, de sucre et de jus des fruits cités. La fermentation en cuve close permet la formation naturelle de bulles fines conférant à cette boisson une saveur singulière. Sa fabrication traditionnelle, datant de 1988, est maintenue par Olivier à Void-Vacon.

Et je n’aurai garde d’oublier un moelleux de fraises, issu des petits crus de fruits, produit anciennement dans les fermes, une curiosité rouge et bien tendre en bouche. Enfin, l’Herberie de Saulx propose, depuis 2019, ses plantes médicinales et aromatiques sous forme de tisanes, aromates, hydrolats. Camomille, thym, sureau, primevère, hysope, calendula et autres simples sont cultivées, travaillés, assemblés par un ancien préparateur en pharmacie hospitalière et son épouse, une enseignante. Leur gamme parfumée propose notamment un Festin Joyeux à base de mélisse, menthe verte et origan et son compère le Festin Serein tout de basilic, camomille et menthe poivrée qui nous permettront de vivre de paisibles lendemains de fêtes.

Mon Carnet de Notes

Où acheter

A la Maison Dutriez , vous trouverez la célèbre confiture de groseilles dans son petit pot en verre traditionnel glissé dans une élégante boite noire telle un écrin contemporain. La boutique propose aussi les différents perlé, le moelleux de fraises et d’autres spécialités lorraines. Confitures de Bar-le-Duc 35 rue de l’étoiles 55000 Bar-le-Duc tel : 03 29 79 06 81. Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 12h et de 14h30 à 18h et le samedi de 10h à 12h et de 14h à 16h. www.groseille.com contact@groseille.com

Ma jolie Crèmerie est une enseigne toute récente ayant un rayon épicerie meusienne qui prend à cœur de présenter des productions artisanales voire confidentielles comme les bières de la Saulx ou les tisanes de l’Herberie de la Saulx. On peut évidemment y faire une infraction au sucre avec le très beau comptoir de crèmerie et de fromages privilégiant le lait cru et les produits fermiers réfléchis. Une belle adresse à découvrir. 6 quai Victor Hugo 55000 Bar-le-Duc tel : 06 81 14 40. Ouvert mardi et mercredi de 8h45 à 12h30 et de 15h à 19h, le jeudi de 8h45 à 12h 30 et de 15h à 21h, le vendredi de 10h à 21h, le samedi de 8h30 à 19h et le dimanche de 10h à 12h30. www.majoliecremerie.fr contact@majoliecremerie.com

Les Fous du Terroirs proposent une découverte particulièrement conséquente des spécialités et joyaux gastronomiques Made in Lorraine et produisent le fameux Perlé. On peut ainsi y découvrir le secret de la fabrication de ce pétillant élixir. 13 rue du Château 55190 Void-Vacon tel : 03 29 89 89 41. Ouvert du lundi au samedi de 9h à 19h et le dimanche de 10h à 18h. www.lesfousdeterroirs.fr contact@lesfousdeterroirs.fr

A la Cloche Lorraine  est la seule boutique qui propose le traditionnel empaquetage des madeleines de Commercy : dans leur jolie boite ovale avec une ficelle rouge. On y trouve aussi la nouveauté de cette fin d’année 2020, la boite en métal avec l’image issue de la bande dessinée Jeannette et Jojo ainsi que les albums des différentes aventures de ces jeunes héros meusiens. Par ailleurs, vous trouverez des dragées Braquier de Verdun et d’autres spécialités lorraines. 8 place Charles de Gaulle 55200 Commercy tel : 03 29 91 25 16. Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h et le dimanche de 10h à 12h et de 14h30 à 18h. www.madeleine-commercy.com

Les Rochers et Croquets de Saint Mihiel, ici est le berceau des croquets, rochers, sammielloises, turbines… Chocolaterie – Biscuiterie 4 rue du Général Pershing 55300 Saint Mihiel tel : 0329 89 01 44. Ouvert tous les jours de 6h à 19h30. et l’atelier où tout se fabrique, ouvert à la visite : Chocolaterie Sereivan’s 9 place Jacques Bailleux 55300 Saint Mihiel tel : 06 45 11 75 26. Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 12h et de 14h à 18h.

Enfin, à La Dragée de Verdun comme l’enseigne l’indique, le noble bonbon s’y trouve dans tous ses contenants. 3 rue Pasteur 55100 Verdun tel : 03 29 86 05 02. Ouvert le lundi de 14h à 19h, du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 19h. Le Magasin d’usine Dragées Braquier 50 rue du Fort de Vaux 55100 Verdun tel : 03 29 84 30 00. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 19h, le samedi et le dimanche de 9H à 12h et de 14h à 19h. www.dragees-braquier.fr

Se loger

Vue du Château est un gîte contemporain, élégant et confortable qui offre une magnifique vue sur le château de Commercy tout illuminé en cette période et toutes les commodités d’indépendance d’un appartement où l’on se sent chez soi. 10 place du Fer à Cheval 55200 Commercy Sandrine Raffner tel 06 73 48 23 34 www.lavuedechateau.com

La Villa des Ducs, cette maison d’hôte tenue par Stéphanie Daniaud a la particularité bienvenue d’offrir un accès handicap non seulement extrêmement pratique mais aussi particulièrement élégant. Cela est suffisamment rare pour être souligné et en faire une valeur supplémentaire à son excellent accueil. 61 bld Raymond Poincaré 55000 Bar-le-Duc www.lavilladesducs.fr contact@lavilladesducs.fr tel : 06 81 22 56 97

A la Maison Mirabeau vous dînerez et prendrez le petit déjeuner à la table savoureuse de Béatrice Stablo qui tient cette chambre d’hôtes située dans une demeure de 1930. 15 avenue de Troyon 55100 Verdun https://maisonmirabeau.com contact@maisonmirabeau.com

A lire

La (petite) histoire gourmande des (grandes) marques lorraines de Pascal Baudouin, Stéphane Maillard et Michel Vagner. Food Edition Lorraine. Un livre pour tout savoir (ou presque) sur les spécialités gastronomiques de la Lorraine.

Jeannette et Jojo sont deux orphelins vivent dans un petit village de la Meuse à la fin des années soixante. Leur inventeur Jean-François Kieffer, auteur de Loupio, leur fait vivre de formidables aventures, un peu à la manière du Clan des 7 et de la Guerre des boutons, pour nous faire découvrir le terroir et l’histoire de cette Meuse tant aimée. Editions Mame.

Les mesures sanitaires et les gestes barrières sont totalement respectées dans les lieux mentionnés. Toutefois, en raison de la situation actuelle, je vous recommande de bien vérifier les horaires d’ouverture.

Ce reportage a été réalisé grâce à Meuse Attractivité 28 rue des Romains – BP 40038 – 55001 Bar-le-Duc cedex tel : 03 29 45 78 40 www.lameuse.fr #lameuse #MeuseTourisme

Je vous souhaite, de tout coeur, un beau et chaleureux Noël! Je vous retrouverai le 26 décembre, toujours en Meuse pour vivre la magie de Noël dans un petit village…

Vous pouvez retrouver l’intégralité de mes reportages en ligne : https://lesvoyagesdeberengere.com/reportages/

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